Les guerres des Glorhandel

Dans un lieu mouvant d'Athel Loren se trouve une île de stabilité, un endroit qui ne change pas d'apparence car déjà solidement protégé par un charme qui le cache aux yeux des inconscients qui le chercheraient (si tant est qu'ils en aient entendu parler...ce qui est peu sûr); c'est le bosquet des chênes des Glorhandel, fief d'une petite famille de fiers guerriers. Au coeur de ce bosquet, au pied de l'un des plus vieux chênes, se trouve un dolmen dont les pierres sont gravées de dessins ésotériques. Sous ce dolmen vit un vieil, très vieil Elfe, aveugle et paraplégique; c'est un sage. Un Ancêtre dont le savoir semble immémorial. Et c'est lui que Sirithion Glorhandel 'l'Eclairé' vient consulter lorsqu'un problème vient à bout des compétences des conseillers de son palais. Ou, comme ce jour ci, lorsque ce vieil homme, Abhell, le prie de venir le voir.
"Sirithion, les vents me murmurent des jours sombres. Où que je porte mon attention je ne vois qu'obscurité et félonie. Pour l'amour d'Isha, soit prudent dans tes décisions, car aujourd'hui, plus que jamais, les alliances sont fragiles et le miel des paroles peut s'avérer aigre. De plus, je vois du fer et du sang; un péril venant des montagnes. Ces Nains stupides sont encore une fois entrés dans nos terres. Je vois trois armées s'affronter mais nous serons bien seuls.
_ Voilà qui est grave, Sage Abhell, cela a-t'il lien avec ce parti d'Elfes qui sollicitent une alliance avec nous? J'ai chargé mon frère de négocier en mon nom.
_ Je ne sais. Tout est si noir aujourd'hui. Les vents murmurent tellement de possibilités que je ne peux comprendre quelle sera la réalité de demain. La seule chose que je voit nettement, c'est la guerre; de longs jours de guerre pour notre existence même...et je ne suis pas certain de nos chances de victoire."

Vraiment sympas ! J’espère que le vieux paraplégique sera pas ton général sinon il va avoir du mal durant la partie en cas de défi.      

Oh non, je te rassure. Pas question de mettre un tel vénérable en première ligne de bataille, ce n'est plus de ses forces.
Non, le général Elfe Sylvain pour cette liste se nomme Asterhian Glorhandel et occupe un choix de héros dans ma liste.

Ce soir là, sous l'abri de son dolmen, Abhell laisse doucement couler ses larmes de ses yeux blancs. Il n'a pas besoin de demander des nouvelles de la bataille, il a entendu son déroulement et commence à discerner ses conséquences.
"Il y a tant de sang...tant de larmes...tant de morts; la bataille est perdue, nous sommes blessés. Naggaroth n'a pas gagné par les armes mais sa lame est dans notre flanc. Et 'il' en a planté une autre chez les Nains qui ont perdu un grand seigneur. Mais surtout je suis triste: je ressent un poison couler dans nos veines d'Asrai, s'infiltrer dans le bois de nos arbres...Un poison nommé vengeance."

Assis sur son trône dans la salle d'audiences de son palais de Boisfort, Sirithion a le visage fermé. Au pied des cinq marches de l'estrade, son jeune frère Asterhian est agenouillé, une main au sol. L'autre bras est porté en écharpe, blessé comme le sont aussi neuf gardes échappés en compagnie de deux danseurs de guerre. Tout le reste de la délégation a péri.
"Pardonne-moi, mon frère; j'ai échoué.
- Je ne te pardonne rien. répondit Sirithion. Il n'y a rien que je doive pardonner. Je vois clair dans la ruse de nos noirs cousins. En venant du nord, par les alentours de Parravon, ils nous ont mis à portée des 'Barbus' qui n'ont pas manqué d'attaquer la rencontre. Et nous avons souffert tandis que ces traîtres ont affaibli deux ennemis."
Oui, Sirithion n'a aucune colère contre son frère, victime d'une ruse trop bien ourdie et d'un destin qui s'est chargé de l'accomplir pleinement. Des trois généraux, seul celui de Naggaroth avait contemplé le champ de bataille une fois celle-ci finie. Sirithion se lève et tend le bras droit devant lui, signe qu'il a pris une décision irrévocable.
"Qu'il soit dit que je ne me laisserai pas humilier sans répondre. Que nos guerriers les plus déterminés fourbissent leurs armes. Nous devons rattraper ces Elfes Noirs et les châtier; au plus tôt!"
Ce soir, le peuple du bosquet pleurerait ses morts mais demain il les vengerait. S'il existait une justice en ce bas-monde, il ne saurait en être autrement.

Ce matin là, le vieil Abhell est encore plus soucieux que jamais auparavant:
"Les batailles...la guerre. Tant d'ennemis veulent notre perte. Il nous faut être forts ces prochains mois, j'entends les vents me murmurer toujours la même chose: le fer des épées qui se croisent, le sang qui est versé, notre sang, tant de larmes et de cris de détresse face à la Mort. Oh oui, beaucoup d'ennemis. Les Nains et leurs rancunes, les Orques et leurs alliés Gobelins qui veulent ravager notre forêt, les Skavens qui veulent ronger et corrompre nos racines, nos morts que des sorciers impies veulent lever contre nos vivants, les Humains qui ne nous comprennent pas, qui ne savent pas, nos noirs cousins qui nous méprisent, qui tiennent leur orgueil mal placé, mais surtout...le pire ennemi, hélas: le Rampant; cette terrible présence du Chaos. Malheur au monde si nous venions à le laisser avancer, à le laisser profaner notre terre. Tant de batailles à venir, tant de conflits incertains, je me sens si las parfois. Oh, Sirithion, sois fort et sage car notre destinée va se jouer maintenant."

Un grand secret, datant de l'époque des Anciens, a jadis été inscrit sur cinq parchemins puis dispersé. Longtemps, ce secret fut oublié de tous mais maintenant, à l'approche d'une ère fatidique, des rumeurs font surface: ces parchemins ont été confiés à des personnes isolées et contiennent chacun des informations spécifiques. Les réunir semble impossible mais selon le nombre de parchemins possédés, le Bien ou le Mal sera favorisé dans une guerre future.
Ce soir, sous son dolmen, Abhell ressent une lueur d'espoir; la première depuis bien des semaines.
"Cet affrontement contre les Orques n'était qu'une escarmouche mais la victoire est importante. Nous avons récupérés un parchemin. Plusieurs des nôtres n'ont donc pas donné leur vie en vain. Il est regrettable que les Elfes Noirs se soient emparés d'un autre au détriment des Nains; tout reste à faire. Qu' Isha, Kurnous et Morrigane nous soient ainsi favorables pour les prochains combats car nous aurons plus difficile à réaliser."

Pas mal le fluff, j'aime bien.   

Une nouvelle journée s'achève; une journée de guerre comme il y en a si souvent. Abhell a entendu l'accrochage qui vient d'avoir lieu entre les Glorhandel et un parti de Nains.
"Une défaite. Nous n'avons pas su prendre l'avantage. Certes les pertes auraient pu être plus importantes mais la victoire ne nous a pas souri cette fois. Et rien n'est joué!...Non, rien n'est joué."

En ce début de printemps, ce début d'année pour les Asrai, le peuple du bosquet des Chênes chante et danse la vie revenue. Chaque Elfe espère que l'année sera meilleure, pour les récoltes et pour les batailles qui viennent; car ils ne sont pas dupes, la guerre est une vie quotidienne pour tous les peuples du Vieux Monde et d'ailleurs. Mais qui serait capable de prévoir l'avenir avec fiabilité, si ce n'est le sage Abhell?
Or il vient de se passer quelque chose: la troupe envoyée à la poursuite des Elfes Noirs a eu un accrochage armé avec des Orques. Un accrochage qu'Abhell n'avait pas prévu et cela rend le vieil homme très soucieux.
Pour la cinquième fois depuis la veille, il interroge les vents sur le futur de l'expédition, pour la cinquième fois, les vents se taisent comme si une harmonie avait été rompue. Abhell sait que les vents ne l'abandonnent pas mais il y a quelque chose d'autre. Quelque chose qui explique les tenants et les aboutissants de ce qui vient de se passer. Car le drame, c'est que ce combat n'aurait jamais dû avoir lieu comme cela: Les Orques étaient en forces, attendant les Elfes et leurs alliés esprits des bois sur une route secrète des Asrai. Une embuscade soigneusement préparée dont l'expédition s'était sortie avec peine.
Ne pouvant rien entendre de plus que ce qu'il sait déjà, le sage Abhell décide d'utiliser un autre moyen, bien plus effrayant: les os de Kreidhyr le dragon. Kreidhyr avait vécu à l'époque où les Asrai et Athel Loren s'étaient juré assistance mutuelle. Il fut le plus vieux dragon des forêts de tous les temps et sa sagesse persiste depuis dans un jeu de tuiles taillées dans ses os et gravées des runes de destinée utilisés en des temps oubliés. Le problème d'utiliser ces os de destin, c'est l'immuabilité des prophéties obtenues: lorsqu'un chemin est ainsi tracé dans les écheveaux de l'avenir seule une puissance divine peut le changer. Mais Abhell n'a pas d'autres recours. Alors il interroge les os de Kreidhyr sur ce qui s'est passé et sur ce qui se passera.
'Les frères trahiront les frères; les fils tueront les pères et l'ombre du soleil noir recouvrira tous les peuples.'
Tel est le message qu'Abhell peut lire des os. Il comprend; si les Orques ont pu intercepter ainsi des Asrai sur une route secrète, c'est qu'il existe au moins un traître parmi la cour de Sirithion!

En ce jour, Abhell ressent grandement le poids de la destinée. Après une longue traque, dont la durée est due au fait que les Elfes Noirs aient su éviter certains pièges de la magie des chemins, l'expédition punitive décrétée par Sirithion atteint son objectif. Les vents ont murmuré diverses possibilités pour la bataille de demain. Abhell ne sait pas encore quelle sera celle qui se réalisera mais quoi qu'il arrive, le futur vainqueur aura pris un ascendant certain: soit la victoire revient aux Asrai et l'affront de l'hiver dernier sera pleinement lavé, soit Naggaroth l'emporte et les Glorhandel seront longuement affaiblis. Le vieil Elfe espère que son peuple pourra vaincre car il a identifié une autre menace, intérieure celle-là; il existe une dualité parmi les plus proches amis de Sirithion: Thys le roseau, l'entraîneur de l'équipe de blood bowl, il y a le 'bon' Thys, loyal et dévoué jusqu'à la mort; et un 'mauvais' Thys, fourbe et traître qui, en ce moment même, se trouve en territoire Khemri, à vendre un lot des meilleurs arc d'Athel Loren à un ennemi qui peut se dresser contre le bosquet à un moment ou un autre. Le problème, qui fait qu'Abhell n'en a pas encore parlé au prince Sirithion, est de savoir s'il s'agit d'une ou de deux personnes. Cela, le vieux sage ne l'a pas encore cerné.

Il semble que le Destin soit très versatile ces derniers temps; ou alors très manipulé par les ennemis des Asrai car ce qui semblait être l'achèvement de la poursuite il y a de cela plusieurs jours n'aura été qu'une nouvelle illusion. Abhell se sent fatigué ces derniers temps, trop de fausses nouvelles, trop de changements dans les murmures des vents...trop de ténèbres se formant sur tous les horizons. Le vieux sage pressent un événement prochain d'une grande ampleur concernant Athel Loren. Il ne peut pas encore dire ce dont il s'agira mais déjà il sait que l'équilibre de la forêt sera sérieusement modifié. En réalité, la bataille à venir sera d'autant plus féroce et capitale qu'elle a été longue à avoir lieu.

Une partie de l'horizon des futurs possibles du Bosquet s'est éclaircie; et ce qu'Abhell y a lu n'est pas de nature à le rassurer même si c'est mieux que de ne rien savoir: aveuglé par la mort de son frère, Erindel a sans s'en douter écouté les conseils trompeurs d'un démon de Tzeench qui l'a conduit, qui a conduit toute la troupe, à s'éloigner grandement de l'Esprit qui anime Athel Loren. Pas seulement physiquement mais aussi moralement. Rendus fous les Asrai et les Esprits se sont définitivement séparés de ce qu'ils étaient; il ne reste plus que de pitoyables êtres qui n'ont plus qu'un semblant de raison pour les guider. Et ainsi les Druuchi s'en sortent sans coup férir. Quelle cruelle destinée que celle d'une belle partie de la noblesse des Glorhandel!
Il n'est plus temps de combattre qui que ce soit, la perte est trop grande. Dans son palais, Sirithion se sent bien triste; et sa cour mène deuil. Alors que l'été commence, les coeurs ne sont pas à la joie et tous se demandent quel destin peut les attendre maintenant.
"Faites sonner le Cor Noir. Ordonne brusquement Sirithion. Que tout Asrai qui est venu au moins une fois ici sache son domaine en grand péril et y revienne cette fois encore. Que pour tout autre, il soit encore plus impossible d'y accéder; seuls les plus braves seront autorisés à passer. Nous devrons nous montrer plus vaillants et plus résolus à l'avenir."
Les nobles et les dames de la cour s'inclinent. Quelle gloriole y aurait'il à agir autrement? Tous comprennent que, pour eux, le Long Hiver a commencé. Et s'ils veulent revoir un vrai Printemps, tous devront ne pas céder aux complots de leurs ennemis.
Tel est l'avenir du Bosquet des Chênes et du clan Glorhandel.

Le Bosquet des Chênes bruisse des rumeurs de guerre. Chacun sait ici que pour eux le Rhana Dandra a commencé. Si la majorité de la population prend cela avec fatalisme, il en est certains pour qui cette perspective est source d'angoisses. Thys le roseau est de ceux-ci. Aussi a-t-il demandé une audience privée avec le prince Sirithion.
"Sire, Je sais quels temps difficiles nous allons traverser, mais il y a un engagement de votre part dans...
- Je sais pleinement ce que j'ai dit par le passé. L'interrompt à voix douce le prince. Et je sais ce que tu veux me dire par le présent. Je ne me dédirai pas; les Oak's Warriors se doivent de nous représenter sportivement. Aussi, il est temps que ta route se sépare, du moins un certain temps, du destin général du Bosquet. Va de par le monde et livre les matchs que tu pourras! Engage qui tu voudras, dépenses ce que tu voudras, du moment que l'équipe vive sans moi."
Thys ressent que ces phrases sonnent comme un adieu; qu'il s'agit peut-être de la dernière fois qu'il voit son seigneur vivant. Mais il comprend aussi ce que ces mots ont d'irrévocables: Sirithion a pris sa décision, sûrement pas de gaieté de coeur, mais il l'a prise. Et, sachant que cet exil est le seul moyen que son seigneur aie trouvé pour lui épargner les affres
de la guerre, il s'incline sans mot dire et se retire de la salle.
"Puisse-tu vivre encore longtemps, mon ami. Murmure le prince. Pour ma part, je sens que le destin funeste se pointe déjà sur moi. Enfin, je suppose qu'il doit en être ainsi pour que vive encore un espoir!"

Ce matin, Sirithion se rend au dolmen d'Abhell, le vieux sage l'a instamment supplié de venir. Sirithion a un pressentiment sur la nature de la discussion et il la redoute. C'est un vieil homme très affaibli qu'il trouve, allongé sous ses pierres, un vieil homme dont le souffle est déjà plus court, plus difficile.
"Ah, Sirithion! Tu as pu venir; c'est bien. Je tenais à te savoir une dernière fois près de moi, j'ai tant à dire...tant à dire.
-Sage Abhell, la vie vous quitte donc si tôt?
-Pas si tôt que cela, Sirithion; si tu savais à quel point j'ai vécu. Mais dans un certain sens tu as quand même raison: la vie me quitte à un bien mauvais moment. Je ressent pleinement à quel point la guerre que tu t'apprêtes à mener est cruciale, non seulement pour le Bosquet, mais aussi pour l'avenir d'Athel Loren et du monde. Avant de mourir, je me devais de t'avertir de ce que j'ai lu dans les destins; ce que m'ont murmuré les vents et ce que m'ont dit les os de Kreidhyr.
-Vous...vous avez consulté les os!? Mais c'est...!
-Je n'avais plus le choix. Mais ce sera bénéfique pour notre peuple. Ecoute ce que j'ai appris..."
Et le vieil Elfe parla longtemps à l'oreille du seigneur sylvain, lui révélant plusieurs secrets. Lorsque le vieillard se tut, Sirithion était bouleversé, ému au delà de ce qu'il pensait.
"Je n'ai plus que quelques jours à vivre, Sirithion. Par pitié, ne reviens plus me voir; envoie-moi plutôt ton neveu, le prince Etherlyan. Il sera mon héritier.
-N'est-ce pas un poids trop dur à faire porter sur les épaules d'un enfant de douze ans, sage Abhell?
-J'ai confiance en lui; en lui et en son jumeau. C'est en eux que le Bosquet peut espérer trouver l'espoir de la vie et du Nouveau printemps. Ce n'est plus par nous que s'écrit maintenant l'avenir mais par ces mains innocentes qui verront bien assez tôt la réalité des choses."

Un renfort de poids vient d'arriver dans le Bosquet; Hiver le Chasseur, le Waystalker qui mène sa vendetta contre les Bad Moons. L'Elfe a en effet un lien avec Boisfort car il y trouvait jusqu'ici un havre de paix. Il n'a donc pas hésité à interrompre sa traque pour venir le défendre.

Les choses changent pour le Bosquet des Chênes: le vieil Abhell est mort; mais avant de rendre le dernier soupir, il a transmit toutes ses connaissances au jeune prince Etherlyan. Depuis celui-ci prend en charge la lourde tâche d'entendre l'avenir des siens. Mais il semble que le choix du vieux sage soit judicieux car l'enfant est parvenu à un premier résultat encourageant: il a su où trouver les Elfes Noirs qui avaient piégé les troupes sylvaines, il y a plusieurs mois. Informé, Sirithion a envoyé en secret une force avec pour objectif de lui rapporter la tête du général ennemi.
Quand à Astherlyan, l'autre neveu du prince Sirithion, il commence à apprendre sa future charge de seigneur du Bosquet.
Mais les deux frères jumeaux connaissent les avertissements que l'avenir a donné; ils savent que la situation n'est qu'au début de crise.

Les vents ont parlé, révélant une menace imminente au tout jeune prophète qui les écoute. Et Etherlyan n'a eu d'autre choix que de presser son oncle Sirithion d'intervenir...même s'il fallait pour cela faire une trêve avec des Nains.
Au pied des versants nord des Montagnes Grises, se trouve une colline à la fois très modeste par sa taille et si importante par ce qu'elle représente. En effet, au cours des millénaires elle a été trois fois bénie: les ruines d'un antique temple y voisinent avec un jardin de Morr, tandis qu'un petit bois sert de lieu de repos aux Asrai. Et c'est ce lieu de sérénité qu'un puissant vampire a entrepris de s'approprier, sans égards pour la beauté naturelle du site.
Négocier avec les Nains n'a pas été facile mais une alliance s'est forgée contre la puissante armée des Morts-Vivants. C'est ainsi que cette journée fut troublée par le fracas des armes. Arrivés les premiers sur site, les vampires et leur cortège de cadavres animés s'avancèrent. Comble de l'effroi, deux terrorgheists planaient dans le ciel. Et pour pousser la terreur à son paroxysme, le seigneur vampire avait confié à sa femme le soin de mener sur la bataille l'une des plus terribles visions que les Vivants puissent redouter: un Trône de Sabbat! Face à ces lourdes menaces les arbalétriers Nains ne firent pas le poids et ce sont les gardes Asrai et une petite unité de lémures qui les combattirent. Au centre du champs de bataille, les gardes des cryptes et les unités de squelettes chargèrent irrémédiablement vers les principales unités alliées; les zombis suivant après. Sur le plan des vents de magie, Dhérantyl le tisseur de charmes contra longtemps les principaux sortilèges lancés par les vampires et les nécromanciens; tout en répliquant avec des sorts qu'il dirigeait contre les plus dangereux adversaires: le Trône et les terrorgheists. Mais l'issue était encore très incertaine; les squelettes menés par le seigneur vampire firent fuir hors de la colline une unité entière des meilleurs guerriers Nains, le canon orgue amené par les fiers fils des montagnes réduisit d'un tir puissant et chanceux l'un des terrorgheists en morceaux, la vampire fut tuée et les unités de Loren et les guerriers Nains chargèrent avec courage. Mais le destin de la bataille se dessinait déjà en défaveur des défenseurs de la colline. Les officiers Nains restants périrent sous le toucher spectral des deux Revenants qui leur faisaient face. Si les gardes des cryptes furent finalement éliminés par les dryades, il restait trop de zombis et de squelettes (sans compter une unité de goules qui s'est définitivement trouvée loin des combats dès le début des hostilités). Lorsque le dernier garde sylvain mourut, le Trône de Sabbat se tourna vers son plus proche ennemi à savoir Dhérantyl; celui-ci savait à ce moment la bataille perdue mais refusa de rompre. Le Trône le piétina ainsi que sa monture et son âme fut cruellement isolée dans la réalité.
Les grands aigles et les derniers lémures périrent et il ne resta des deux armées alliées qu'un petit groupe de Nains dont les servants du canon orgue et peu de dryades. Affolées par la profanation du bois, celles-ci se retrouvèrent à errer de ci de là dans la région, incapables de revenir à leur foyer. Les survivants Nains rentrèrent chez eux dépités et inscrivirent une nouvelle ligne dans leur livre des rancunes.
Etherlyan ressentit en son âme la douleur de la trame de la réalité, ainsi déchirée par les actes impies du seigneur vampire. Le jeune garçon vit que désormais le site serait hanté par les âmes tourmentées des morts; dans des années, les passants parleront de ce lieu maudit comme de la colline des Gémissants; là où nul arbre n'est vert et où les pierres elles-mêmes puent la malveillance.

Le gros chars = "trône de sabbat" et les guerriers d’élite des "gardes des cryptes".

Une nuit d'été berçait de sa douceur le Bosquet des Chênes. A cette heure, tous dormait; l'heure n'était pas à la bataille, chacun prenait le repos qui lui était permis.
Le palais des Glorhandel est bâti dans sept chênes, six entourant le septième. L'un de ces six chênes recèle un temple consacré aux différents aspects de la mort. Dans ce temple plongé dans une très profonde obscurité, une étincelle blafarde s'allume au dessus de l'autel; elle palpite, vacille et, prête de s'éteindre, trouve un support: le corps momifié d'un cerf au pelage roux. L'étincelle devient flamme.
Sous son dolmen, Etherlyan ne passait pas une nuit paisible, ses rêves étaient empreints de visions confuses et effrayantes. Un sentiment de froid le réveilla. A sa grande surprise, un vent du nord soufflait avec force, apportant neige et frimas. A ce vent vient s'en ajouter un autre, du sud, chaud et sec. Puis deux autres, de l'est et de l'ouest. Puis encore quatre autres; ensembles ils forment un tourbillon qui vient prendre les os de Kreïdhyr et les mélange. L'espace d'une seconde, un message se forme avant que le tourbillon ne souffle avec encore plus de vigueur. Et, dans un éclat de flammes multicolores, les os se brisent, se dispersent en échardes dont l'une d'elles vient se planter dans l'abdomen du jeune garçon. Le calme revient aussitôt. En sueur, souffrant de ses rêves plus que de sa blessure, le jeune prophète se remémore le message lu dans les os:
"De la Loi et du Chaos, qui peut vaincre? De la Vie et de la Mort, l'une disparaîtra, l'autre sera éternelle."
Mais, surtout, ce qui le fait frissonner, c'est cette certitude qui vient de se faire jour dans ses pensée: deux grandes et sinistres silhouettes s'affrontent et le monde entier se brise sous leurs pas; Le Rampant et Nagash! Leur lutte future n'épargnera rien, pas même le Bosquet.
Quelques jours ont passé. Une sourde angoisse monte dans le Bosquet: beaucoup savent maintenant que le redoutable Nagash est revenu en ce monde. Tous craignent que ses pouvoirs ne nuisent à l'existence d'Athel Loren. Mais l'on sait aussi qu'il est un ennemi implacable du Chaos et nul ne souhaite le voir céder, au risque que Le Rampant ne déferle sur tout le Vieux Monde.A vrai dire, les Asraï du bosquet ont peur de la victoire ou de la défaite de l'un ou l'autre, toute leur âme crie de douleur face à cette fin des temps promise. Car si le monde vient à tomber dans le Chaos ou la Mort, les Glorhandel subiront le même destin.
Les deux frères jumeaux Astherlyan et Etherlyan sont réunis dans un endroit qu'eux seuls connaissent. Mais même dans cette solitude, ils se parlent à voix basses, car nul ne peut, ne doit comprendre ces paroles qu'ils s'échangent. A la fin seulement, au moment de se donner une accolade, Astherlyan a ces mots:
"Tu vas me manquer, mon frère."

Cette fin d'été avait une météo digne de l'humeur des habitants du Bosquet: humide et froide. Etherlyan, le jeune prophète, était parti les dieux savent où afin de répondre à un mystérieux appel dont il n'avait pas voulu dire un mot de plus. Sirithyon, privé de cette sagesse, s'en remettait à son propre ressenti pour évaluer les choses. Ainsi, ce matin-là, à l'aube, établissait-il un plan de bataille avec ses officiers. C'est à ce moment que Calidan, son demi-frère et le père des jumeaux, demanda à lui parler en privé. Calidan était le premier frère de Sirithyon; de dix ans plus jeune il avait le même père mais sa mère était inconnue. Sa personnalité taciturne et pessimiste l'avait jusque là écarté des arcanes du pouvoir. Mais sa prudence voire sa méfiance envers tout ce qui était étranger au Bosquet (même les autres Asrai) lui valait depuis quelques mois d'être admis dans l'état major de son aîné. Aussi, Sirithyon suspendit-il cette réunion afin de savoir ce que son frère avait à dire. Calidan le conduisit dans un des salons privés du palais. Là, se trouvaient le grand prêtre du temple de la mort et trois de ses assistants.
"Hé bien, mon frère, est-ce là cet entretient en privé que tu me demandes? Questionna Sirithyon.
- En un sens oui. Répondit Calidan. Il y a une menace sur le bosquet et c'est notre vieux prêtre Néwhyn qui m'a ouvert les yeux sur son existence.
-Quelle est donc cette nouvelle menace? N'avons-nous pas assez à lutter pour notre survie sans qu'elle ne soit encore plus en péril?
-Il s'agit de...toi; ta vie est une offense au destin du monde, mon 'frère'!"
A ces mots, une lueur blafarde s'alluma dans les yeux de Calidan ainsi que dans ceux des quatre religieux. Chacun tira une épée courte de ses vêtements et, avant que Sirithion ne fut revenu de sa stupeur, celui qui était Calidan sans plus ne l'être lui porta un coup au ventre. Sirithyon était à ce point stupéfait que, bien que ressentant la douleur de cette blessure, c'est sans un son qu'il tomba à genoux. C'est dans son regard qu'il formula cette incompréhension envers ses assassins qui s'apprêtaient à l'achever. Mais la porte s'ouvrit brusquement en grand, livrant passage à Astherlyan et quelques hommes dont Naranath Ceilwyn, le plus puissant tisseur de charmes du bosquet; Hiver était également présent. Les nouveaux venus confrontèrent les conspirateurs et la lutte fut brève mais intense. Grace à ses pouvoirs, Ceilwyn conjura les Esprits macabres qui s'étaient emparés, non sans savoir, de ces quelques coeurs mauvais. Hiver passa le vieux Néwhyn au fil de son épée; et Calidan trouva la mort des mains de son propre fils.
Encore conscient, Sirithyon repensa à cette prophétie que le regretté Abhell lui avait révélée:
"Le frère trahira le frère et le fils tuera le père."
Les derniers mots que le prince entendit avant de sombrer dans l'inconscience furent:
"Vous vivrez mon oncle; votre peuple a encore besoin de vous."

Un mois s'était écoulé depuis la tentative d'assassinat perpétrée par Calidan. Un mois pendant lequel le Bosquet a vécu dans le calme si ce n'est la paix. Mais les ennemis se rapprochent; la rumeur d'une grande bataille à venir est parvenue aux oreilles des Asraï. Dans un espoir fou de briser ceux qui menacent le monde, Sirithyon a décidé d'y engager une force. Encore faible de sa blessure, il ne peut se rendre lui-même à la bataille et a confié le commandement à son frère Asterhian. Celui-ci met sur pieds l'armée qu'il mènera. Leur neveu Astherlyan éprouve cependant une crainte diffuse, trop diffuse pour qu'il puisse en parler mais trop présente pour qu'il puisse l'ignorer. Se rappelant le temps encore récent où le vieil Abhell conseillait le seigneur, il se rend au dolmen dans l'espoir d'y trouver une réponse. Mais las, il semble que le jeune prince n'aie pas hérité comme son frère de la capacité d'entendre les vents et c'est sans le moindre renseignement qu'il s'en revient de cinq jours de méditation. L'avenir est bien sombre pour les Elfes!