[Frostgrave] La Confrérie de Saint Iris ou comment certains luttent pour l'avenir

Saint Iris (de son prénom initial Irénée) naquit il y a un peu plus de deux-cents ans dans la famille d'un simple tanneur. Cinquième de ses fils et septième de ses enfants, il fut aussi le benjamin. Né prématuré à huit mois, sa vie commença par une lutte contre la mort qu'il aurait perdue sans les soins et l'amour de l'ainée de ses soeurs. Ayant vécu, il commença par une enfance où, délaissé par ses parents et raillé par ses frères, il ne dut son début d'éducation qu'aux soins de ses soeurs, deux jeunes filles aussi attentionnées que le reste de la famille était indifférent.
Très jeune, donc, vers six/sept ans, Irénée comprit que:
1 Il ne pouvait vraiment compter que sur lui-même pour sortir de la misère.
2 Le climat n'était pas prêt de changer.
De fait, il fit ce que faisaient beaucoup de gosses de son âge, il devint voleur de rue. Avec les aléas plus ou moins heureux de ce métier, il atteignit l'adolescence avec une expérience et un pécule non négligeables sans être exceptionnels. C'est un soir de ses quatorze ans que sa vie bascula du tout au tout. Il avait repéré un homme d'apparence plus aisée que lui dans une ruelle déserte. Décidant de lui faire la bourse en douce, il s'en approcha discrètement. Du moins le pensait-il de par sa compétence; mais alors que sa main s'approchait de l'objet, l'homme le prit de court en lui disant (sans se retourner): "Irénée, tu as mieux à faire de ta vie qu'être un gibier de potence." Complètement stupéfait, l'adolescent ne put dire que "Comment...?" (Il voulait dire "Comment me connaissez-vous?") L'homme se tourna vers lui et, souriant, lui dit: "Viens; suis-moi." Les deux allèrent à travers les rues jusque dans un autre quartier, très en ruine et inhabité. Ils s'arrêtèrent dans un espace dégagé, au pied d'un arbre mort. Un mur en ruines bordait l'un des côtés de ce carré de neige. Au pied de ce mur, un vieux banc ne tenait plus que par chance. L'homme s'y assit sans crainte aucune et, commençant par raconter l'historique de la ville, parla longtemps, très longtemps. Mais Irénée ne ressentit pas le froid le prendre au fil du temps, non, il eut une sensation de chaleur douce et agréable. A la fin, alors que l'aube pointait, l'homme eut cette déclaration: "C'est à cause de l'avidité de certains mages que cette ville fut maudite. Mais cette malédiction peut être levée. Et ses effets s'estomper de cette façon."  Faisant alors un geste de la main vers le sol, l'homme fit pousser une fleur; une timide petite fleur blanche au coeur jaune. "Cette fleur est un iris, et cet iris te représente toi et ta pureté de coeur. Car une foi forte dans un coeur pur peut se dresser même face au mal le plus terrible. Fais fleurir bien d'autres iris, et si les habitants de cette ville acceptent de revenir à une vie plus juste, alors l'hiver cessera."
Complètement changé par cette nuit, Irénée abandonna alors ce prénom et, se faisant nommer Iris, entreprit de parler du dieu miséricordieux qui offrait ainsi une seconde chance à la ville glacée. Menant une vie de pauvreté, installé dans une petite cabane de vieilles planches bâtie au pied de l'arbre mort, il apportait un enseignement nouveau à qui voulait l'écouter. Au fil des décennies il y eut de plus en plus de personnes à comprendre son message. Une communauté, ayant fait voeux de n'user de magie qu'avec parcimonie, se bâtit dans le quartier. Une chapelle fut construite pour abriter le saint homme; puis, après sa mort à l'âge de 125 ans, un monastère fut fondé, entourant le jardin où, année après année, des iris fleurissent malgré la neige. La confrérie de Saint Iris venait de voir le jour. Ses membres apprennent que, quelque soit la vie que l'on aie menée avant, si l'on fait le voeu sincère de servir à propager une foi fondée sur l'amour et le pardon, alors le dieu miséricordieux offre son propre pardon. Et si, un jour prochain, la population entière de la ville se repent et si les mages des différentes écoles acceptent de n'user de magie qu'avec parcimonie et humilité, alors donc l'hiver éternel cessera et le cycle des saisons retrouvera son harmonie.

Pa suite, la suite ........................
Serge

Up de l'histoire.

Merci d'avoir entendu ma supplique et pour cette page d'Histoire qui m'était totalement inconnue.
Serge

Dans la vaste salle d'études du monastère Saint Iris, le thaumaturge de l'ordre et son plus expérimenté apprenti discutent des jours prochains.
Johanas, le thaumaturge: Et donc, il nous faudra faire preuve de patience, car les dangers de cette ville sont nombreux et beaucoup de temps sera nécessaire pour en venir à bout. Peut-être même que ce ne sera pas notre génération qui en verra les résultats.
Daniel, l'apprenti: Mais alors, Frère Johanas, depuis le temps que notre ordre existe, s'il ne nous appartiendrai pas à nous d'en voir les fruits, pourquoi continuer à lutter?
J: Pour la simple et bonne raison que, si nous abandonnons notre charge, alors il n'y aura plus personne pour la prendre et que alors, la ville sera perdue à tout jamais. Voyez-vous, Frère Daniel, notre dieu est grand par son amour et il ne souhaite rien tant que le bonheur des habitants de ces lieux. Mais s'il nous semble si long à faire triompher notre cause, c'est parce qu'hélas beaucoup d'hommes estiment avantageux de choisir la facilité. La facilité de connaissances nombreuses a amené bien des mages à vouloir s'en emparer; et à en faire mauvais usage. C'est ce que nous apprenons de Saint Iris: la magie en ce monde est un mal nécessaire. Nécessaire parce qu'elle lie toutes choses mais un mal parce qu'une utilisation inconsidérée est orgueil. Or, l'orgueil est un péché très grave, cause de la perte de tant de choses. C'est l'orgueil de ses habitants de l'époque qui a maudit la ville, c'est l'orgueil encore vif de certains en notre époque qui empêche encore l'accomplissement de la Promesse.
Allons, il se fait tard aujourd'hui. La nuit vient. Nous pourrons reprendre cette conversation demain, Frère Daniel. Mais passez donc la nuit à méditer le fait que nous avons l'éternité devant nous pour accomplir l'Oeuvre de notre saint patron. Vous verrez que quelques mois ou quelques années ne sont finalement qu'un pas dans la direction de l'avenir.

Dans la salle d'armes du monastère de Saint Iris, Johanas le thaumaturge et son apprenti frère Daniel supervisent les derniers entrainements de la petite milice de l'Ordre. Secondés par frère Simon le chevalier, ils ont à coeur à ce que les membres de la troupe sachent agir en concertation et en ordre. Ensuite, Johanas n'étant pas voyant, il ne sait encore ce qui les attendra sur le terrain bientôt; mais voilà, l'heure de la première incursion dans des quartiers méconnus vient et l'excitation de ce moment se fait sentir dans les fibres de tout un chacun.
Encore quelques jour et Johanas saura enfin de quelle trempe est forgée sa patrouille.

Le glas sonne au clocher de Saint Iris. Cela en l'honneur (?!?) de frère Jehan l'homme d'armes, tué d'un trait osseux dans la nuque. D'ailleurs l'infirmerie est momentanément pleine des blessés de la veille. Beaucoup ayant subi une attaque à base de ces projectiles d'un sort désormais honni entre tous.
Dans son bureau, Johanas s'entretient avec une personne masquée.
"Furet, nous avons été humiliés par une expédition adverse. Nul doute que son mage se vantera de ce fait. Allez au Cochon fainéant et rapportez-moi le plus d'informations sur lui et son groupe. Que je sache à qui réserver ma colère."

Après avoir récupéré des renseignements de première main au Cochon fainéant, Furet vient de faire son rapport auprès de Johanas.
"Ballac aux deux orteils perdus et son apprenti Brime. Oui, je m'en souvient maintenant. Deux nécromanciens parmi les plus actifs de Frostgrave. Des hommes dont la seule loi est la leur propre. Voilà qui me conforte dans ma colère: ces individus ne pourrons impunément nuire et se moquer de l'Ordre céleste. Nous n'avons pas assez de trésorerie pour mettre des primes aussi leur élimination sera une affaire personnelle entre leur expédition et la notre."

"...Et par le présent serment, je fais voeux de loyauté et d'abnégation envers l'Ordre de Saint Iris, jurant de combattre pour son service autant que nécessaire. Que les cieux m'en soient témoins!
-Relevez-vous FRERE Aaron. Vous voici désormais frère à part entière de notre communauté."
Plus tard dans son bureau, Johanas réfléchissait. L'expédition de la veille ne s'était pas trop mal passée même si une deuxième fois la bande de Ballac avait eu le dernier mot sur eux. Le thaumaturge s'en sortait avec une belle bosse mais surtout avec la satisfaction d'avoir un peu lavé l'affront de l'autre jour. En effet, il est acquis que Lasoupe, l'apothicaire du nécromancien, bien blessé par un carreau d'arbalète d'une expédition rivale, avait succombé suite au coup de bâton que lui, Johanas, lui avait donné. Quand au bras cassé de Daniel, c'était dû à un squelette récalcitrant et coriace. De plus, la récupération d'un grimoire allait permettre de pouvoir user d'un sort qui donnerait à réfléchir aux imprudents qui essayeraient de s'en prendre à eux. Certes, Johanas avait espéré mieux de cette mission au mausolée, mais bon, faute de grives...au moins quelques merles étaient au menu.
L'avenir ne s'annonce pas si noir.

Emergeant d'un sommeil aussi profond que sans rêve, Johanas eut beaucoup de mal à ouvrir les yeux.
"Oh, mon crâne; ça bourdonne totalement dans ma tête...Et mes pauvres vieux os, j'ai l'impression...qu'ils sont en plomb. Que? Que s'est-il passé? Frère Daniel! Etes vous là? Expliquez-moi; j'ai la désagréable sensation d'avoir raté un chapitre de la vie de notre communauté.
-Ne vous en faites pas, Frère Johanas. Vous avez été bien malade mais vous vous en sortez. Restez juste alité quelques jours encore et, foi de Frère Lynx, vous vous porterez longtemps comme un charme malgré vos 90 ans passés.
-Frère Lynx n'a pas tord, Maître. Vous avez vraiment eu la main de notre Seigneur sur vous pour vous en sortir.
-Me sortir...Me sortir de quoi exactement? J'ai un gros noir dans mon esprit.
-Je vais tâcher de tout vous expliquer Maître, mais il y en a peut-être beaucoup à dire d'un coup.
Enfin. Pour faire simple, il vient de se produire une série de faits qui semblent tous découler de notre entrée en lutte dans cette ville qu'est Frstgrave. Nous avons eue deux expéditions pas trop fructueuses financièrement parlant mais le fait d'agir contre la nécromancie qui stagne sur ces quartiers a valu beaucoup de réactions, des bonnes et des mauvaises. Les bonnes, il y a un sursaut de volonté dans la population qui manifeste un raz-le-bol certain et beaucoup d'hommes et de femmes se sont présentés pour s'engager dans la milice. Il va falloir envisager de construire une véritable caserne militaire si l'on veut garder le monastère comme lieu de paix et de recueillement. Mais pour être honnête, les caisses sont presque vides. Ensuite le fait d'avoir personnellement tué l'apothicaire de la bande à Ballac vous vaut la vindicte de son apprenti Brime, il se dit que celui-ci, plus que son maître, est le plus à vous haïr. Et ensuite, une entité maléfique a fait venir sur le quartier une invasion de corbeaux dont certains ont flanqué la grippe aviaire aux basses-cours du coin. Et vous l'avez attrapée par ricochet à force de vouloir bénir les poulaillers et autres mares à canards. Voici ce qui s'est passé ces dernières semaines.
Donc, et pour vous dire, le temps a tourné dehors et une nouvelle expédition de mages se prépare en ville. Reposez-vous encore deux jours et nous pourrons peut-être en être.

C'est la douleur lancinante dans son fémur gauche qui réveilla Johanas. Le vieil homme était de nouveau alité.
-Frère Daniel?
-Oui, Maître.
-Racontez-moi un peu comment s'est terminé notre expédition; je crains d'en avoir raté une bonne partie.
-Et bien, à vrai dire, nous sommes rentrés bredouilles comme pas possible. J'ai malheureusement été blessé peu après vous; blessure plus superficielle que profonde, je m'en remets déjà. Mais cela a voulu dire que nos hommes n'ont pas pu rester sur le terrain. Résultat: pas un seul trésor, et un assassin a éliminé Lukas le voleur. Bien peu de positif, donc. Les trois seules bonnes nouvelles de la soirée sont que nous n'avons pas eu à confronter le génie, qu'il y a déjà quelqu'un pour remplacer la perte et que nous avons connaissance du sort de rune explosive. En espérant que cela suffise à nous protéger la prochaine fois.
-Ah! Notre confrérie est vraiment en si piètre état?
-Disons surtout qu'elle est pauvre financièrement et semble entourée de beaucoup trop d'ennemis sur le terrain. Comme si l'esprit de la ville refusait délibérément l'avenir que nous lui proposons. Cela peut changer, mais pour l'heure c'est trop fâcheux pour que l'on s'en contente.

Jour maudit d'entre les mauvais jours que ce jour ci: le glas de Saint Iris sonne. Encore plus longtemps, encore plus lentement que de coutume. Deux hommes de valeur sont morts hier.
tout semblait pourtant avoir bien commencé. La nouvelle qu'un antique temple avait été libéré par les glaces il y a peu avait particulièrement attisé l'attention de Johanas. Lui, son apprenti Daniel et leur troupe s'y étaient donc rendus, d'autant que leurs principaux ennemis étaient affairés dans un autre quartier. Et donc le début de l'exploration se présentait sous de bons aspects, progression vers les restes du temple sans être menacés par qui que ce soit, et finalement trois colonnes affrontées et vaincues. Même si un mage avait quelque peu 'coupé' le temple en deux, s'en réservant près de la moitié, par des murs de brouillard, le bilan à ce moment pouvait être qualifié de très prometteur, un mage concurrent ayant aussi été éliminé par Aaron.
Puis un ours est tombé sur le groupe par surprise, sortant de la brume. Et à partir de ce moment, tout est allé de travers. L'ours et un barbare ont alors tué frère Simon le chevalier et Daniel est tombé sous les coups de quelque homme de main d'un adversaire rancunier. Son décès n'a pu qu'être constaté par la suite. Et le duo maléfique, devenu trio par l'arrivée d'un molosse, n'a ensuite fait qu'une bouchée du thaumaturge. Un trésor aurait alors pu être sauvé s'il n'y avait eu l'arrivée d'un troll des neiges sur le porteur, pourtant à un pas de sortir avec le butin.
Ce jour ci ce sont donc les funérailles de Daniel et de Simon. Ce qui triple d'un coup la superficie du cimetière des aventuriers de la milice du monastère.
Le pire, dans tout cela, c'est que l'engagement d'hommes aussi valeureux pour combler ces pertes n'est pas possible. Certes, la vente d'un magnifique parchemin de sort a quadruplé le contenu des caisses mais que sont 40 malheureuses couronnes lorsqu'il en faut 140 ne serait-ce que pour trouver un nouvel apprenti?
Johanas sait que les prochains temps, il va falloir être bien plus efficaces sur la collecte de trésors si le monastère veut continuer à exister.

Up avec la suite des événements d'hier.

Le Père Johanas, le thaumaturge de l'ordre de Saint Iris, a la tête des mauvais jours. Certes, il est parvenu à embaucher un nouvel apprenti prometteur pour la suite (bienvenue à Frère Merrit) mais cela ne s'est pas fais sans une certaine part de compromission avec des éléments peu honnêtes de Frostgrave: le gang de Don Périgno, le parrain qui régit un bon tiers de la ville et banlieues. Une dette, certes réduite à la part la plus petite possible, mais une dette quand même; et il faudra la rembourser tôt ou tard.
Le Père Johanas prie donc ses instances supérieures et divines d'accorder de bien meilleurs résultats à son expédition à l'avenir: la survie du monastère en est engagée.